C'est une scène que Gillian Hinton se remémore encore aujourd'hui, elle en a rêvé plus de milles fois, Elle revoit par cette journée ensoleillée son papa ouvrir la porte, la prendre dans ses bras et l'enlacée amoureusement.
"Je m'ennuie tellement de lui, aujourd'hui sa présence me manque encore énormément", dit la grand-mère en larmes.
Le soldat Frank Orton of 663 Artisan Works Company, Royal Engineers, ne sera plus jamais présent dans la vie de sa petite fille. Il est mort le 17 juin 1940, au large de Saint-Nazaire par suite à une attaque aérienne allemande. Il était à bord du HMT Lancastria, il avait 23 ans, un jeune père de 23 ans.
Nick le mari de Gillian revenant de la cuisine avec des tasses remplies de thé serre doucement l'épaule de son épouse. La voix serrée il dit : elle n'a pas arrêté pendant 47 ans de penser à ce père qui lui a tant manqué. Aujourd'hui la plus grand souvenir de son père est cette carte postale brodée qu'elle avait reçu durant la guerre portant ces quelques mots ; "à ma petite fille qui est toujours dans mes pensées" . J'étais une enfant prématurée, mes parents pensaient qu'ils pourraient me perdre, c'est peut être pour ça que mon père pensait un peu plus à moi.
Frank Orton a grandi au 34 de la rue Westholm Lescester, il exerçait son métier de plâtrier. c'était un homme discret et silencieux, il ne fumait pas et ne buvait pas. Il était très affectueux , ma maman ne l'avait pas trouvé facile d'être "lovey-dovey" , ma grand mère lui avait demandé d'essayer d'être plus affectueuse avec lui.
Son corps n'a jamais été retrouvé, Gillian et Nick sont venus plusieurs fois à Saint-Nazaire au large afin de déposer des gerbes de fleurs sur le lieu même du naufrage. En tant qu'enfant, Gillian faisait de nombreux rêves dont celui de courir vers son papa et de l'enlacer autour de son uniforme, je me suis tellement ennuyée de lui !!!! Encore aujourd'hui je ressens ces mêmes sentiments.
Malgré cette tragédie, les choses devaient continuées et c'était pas simple, les veuves et les enfants de guerre n'avaient aucune aide, il y en avait tellement . Ma mère Elsie avait du travailler dans une usine de munitions. Nous habitions dans la maison vide de notre père qui n'était malheureusement pas finie.
Après la guerre le Roi George VI envoyait à chaque enfant un certificat leur indiquant qu'il partageait leurs douleurs et les dangers de la guerre. A la fin de la guerre la maman de Gillian, Elsie, avait accroché un drapeau pour les célébrations, Gillian raconte : " je me rappelle que j'étais heureuse mais très dérangée, les larmes me viennent encore, parce que le papa ne revenait pas à la maison .
Soixante ans déjà, et toujours ces mêmes sentiments aigres-doux qui me serrent lors de l'anniversaire du jour J. J'ai manqué d'un frère ou d'une sœur", elle s'explique : "tous les enfants dehors jouaient avec leurs frères et sœurs, sauf moi". Je remercie l'association du Lancastria qui relate cette tragédie du Lancastria, tout ces soldats étaient des hommes courageux, ils avaient fait leur possible, ils méritent que l'on se souviennent d'eux,. Je souhaiterais que maman ait été encore vivante , souriante Gillian dit ; "elle aurait aimée discuter avec vous, elle était si fière de son marin, de son époux, si fière ...."