A. HAYES membre de B.E.F. unité Sherwood Forester

 

 

Nous étions les dernières troupes à embarquer sur le Lancastria. Il y avait très peu de ceinture de sauvetage, mais je fus l’un des chanceux d’en obtenir une. J’étais assis, à manger une boîte de soupe Machoniacis, quand retentit la première explosion, je me mis à descendre. C’était la 1ère tentative du « boche » . J’ignore combien de fois il y a eu d’explosion, mais je me souviens de la dernière. Je n’ai pu atteindre mon but quand la bombe explosa, je m’arrêtai pour regarder. J’ai vu un avion sortir du soleil et à ce moment là, j’aperçus la bombe qu’il larguait.

 

Le navire commença à couler, je ne savais pas nager mais en aucun cas je devais rester à bord. Il y avait des hommes partout, certains s’agrippaient, se tenant aux cordes le long du bord. Certains glissaient sur ces cordes mouillées qui mettaient leurs mains en feu. Ceux qui provenaient des ponts inférieurs étaient dans un triste état.

 

Plus le navire s’enfonçait et plus je me dirigeais vers les points les plus hauts. Le navire finissait de couler, je devais quitter le navire. J’ai toujours pensé que j’étais le dernier à quitter le Lancastria mais bien d’autres survivant ont la même certitude. Je me trouvais dans la mer, sale, couvert de mazout parmi des milliers de personnes. Je ne me rappelle pas le nombre de fois où je coulai par un camarade qui se noyait, mais à chaque fois je refis surface. Je pense que tous ces hommes de mon pays furent magnifiques. Malgré une mort certaine ils chantaient de toutes leurs forces.

 

Je fus ramassé par un destroyer britannique, couvert de mazout de la tête aux pieds. Lors du voyage du retour beaucoup de camarades moururent et nous les avons inhumé en mer.