Herbert Clark

Il y a plusieurs mois, lors d'une visite chez ma grand-mère, elle a sortie de son armoire une boite en fer remplie de souvenirs. Elle me fit découvrir différentes cartes postales dont certaines en soie. Chacune avec leur propre conception, certaines avec des fleurs, d'autres avec des drapeaux Français enlacés avec des étendards  Anglais. Dans ce coffret se trouvait des dizaines de lettres manuscrites ainsi que des documents.

Ma grand-mère me raconta : " tu sais mon père est mort durant la deuxième guerre mondiale, à cette époque j'avais 17 ans. Il était sur un bateau qui a été bombardé par l'aviation allemande". Elle déplia un feuillet de couleur sépia, un document usé par de nombreuses années. "le nom du bateau où est mort mon grand-père est le HMT Lancastria".  Les yeux remplis de larmes, elle me fit découvrir une photo représentant une simple croix blanche portant l'inscription : Herbert Clark – Pioneer Corps – K/A 17.06.1940. C'était la tombe de mon arrière grand-père.

Je n'ai jamais oublié ce jour là, il restera graver en moi tout le reste de ma vie. Lors de son dernier soupir ma grand-mère me laissa ces précieux documents et je savais au fond de moi que je devais aller en France pour visiter la tombe de mon grand-père afin de lui rendre hommage. Mon grand-père était du Yorkshire qui avait servit lors de la première guerre mondiale avant de se réincorporer le Pioneer Corps en 1940 à l'âge de 40 ans. Il s'était porté volontaire pour rejoindre la Force Expéditionnaire Anglaise (B.E.F.) en France. Il travaillât à la construction d'aérodromes en arrière de la ligne Maginot à proximité de Reims.

Lors de son séjour en France, il avait réussit à avoir une seule permission. Sa dernière lettre a été envoyée le 10 mai 1940. Il laissa derrière lui une femme et trois enfants.

Son régiment, le 73ème A.M.P.C.  avait rejoint l'Ouest de la France durant le mois de juin, l'invasion allemande des Pays Bas et de la France était fulgurante. Lorsque mon grand-père arriva à Saint-Nazaire il embarqua sur le fatidique "Liner"

Le lundi 15 juin 2010, je me suis rendu en France au cimetière de la ville côtière "La Turballe". A l'intérieur de mon sac à dos, j'y avais déposé une couronne de pavot-s et trois petites croix pour les tombes des victimes du Lancastria. La première que je découvris portait l'inscription suivante : Known unto God, c'était une victime du Lancastria inconnue. Ensuite une autre tombe portait le nom de : W Herwitt (A.M.P.C), celle-ci est juste à côté de celle de G.Hopkins (R.A.C) et enfin celle que je cherchais et se dont j'étais venu, c'est celle de Herbert Clark (A.M.P.C.) – 40 ans. Un grand moment d'émotion entra en moi lorsque je lis l'inscription que ma grand-mère avait laissé sur la tombe de son mari.

J'ai déposé ma couronne de fleurs ainsi qu'une photo de sa famille qu'il avait laissé il y a tout juste 70 années. C'est la première fois que quelqu'un de la famille visitait la tombe du grand-père disparu le 17 juin 1940 au large de Saint-Nazaire.

Ensuite j'entrepris de descendre vers la ville en passant à proximité de l'église afin de rejoindre la plage où le corps de mon grand-père a été retrouvé plus d'un mois après la catastrophe. Dans les lettres du grand-père Herbert, il décrivit la région où il était cantonné durant ce mois de juin 1940. Il racontait à son épouse le souvenir de voir ces enfants suivre les soldats et leur demander des cigarettes pour leurs pères.

 

 

 

Herbert Clark en 1918

 

Herbert et son épouse en 1940 quelques

mois avant la tragédie

Plage de la Turballe ou fut retrouvé

le corps de Herbert

 

 

Tombe de Herbert au cimetière

de La Turballe