Témoignage de Mme Quentin 

 En 1940 j’avais 9 ans , je suis la fille d’un des patrons du bateau pilote ‘La lambarde’, le 17 juin 1940 au soir je me souviens de voir mon père effondré par l’évènement de l’après midi, il nous racontait que c’était une mer de mazout qu’il avait vu l’après midi, c’était une horreur, une catastrophe, un désastre, l’odeur du mazout qui imprégnait ses vêtements m’est resté un long moment dans le nez.

 Mon père nous disait : « j’entendais les gens crier, hurler, nous avions beaucoup de mal à les hisser à bord en raison du mazout qui s’imprégnait partout » c’était vraiment horrible, mon père refusait de parlé de cette tragédie, il ne voulait pas raconté l’état des brûlés, calcinés, c’était trop pénible.

 Pendant toute la durée de la guerre les allemands avaient réquisitionné le bateau pilote ainsi que tout l’équipage Mon père un jeune patron de 34 ans travaillait 3 semaines en mer pour une semaine   de repos à terre, lorsqu’il le pouvait il ramenait du poisson qu’il pêchait au large ce qui améliorait l’ordinaire.

 Pendant toute la guerre mes parents sont restés très discrets sur le naufrage du Lancastria, il y avait beaucoup de malheur pendant ces années de guerre, j’ai été évacuée chez ma grand-mère à Belle-Ile car il se trouvait dangereux de resté à  Saint-Nazaire.

 Au début de la guerre lorsqu’un sous marin arrivait une fanfare les accueillait  à l’entrée du port, beaucoup de personnes pouvaient les observer mais par la suite tout mouvement de navire devait resté discret ainsi tous les volets devaient rester fermés.

 Après les 4 années de guerre, de douleur, la tragédie du Lancastria est resté oubliée, nous devions tout reconstruire à Saint-Nazaire, personne  ne parlait du naufrage du Lancastria surtout que le nombre de noyés était encore inconnu, aucun français se trouvait à bord, jamais nous avons entendu une famille de la région raconter qu’elle avait perdu l’un de ses membre à bord du Lancastria.

 

Nous avons beaucoup souffert de cette guerre à Saint-Nazaire….