F.S HODDER

 

1940, j’étais en France avec la BEF, nous étions rattachés à la Royale Air Force, afin d’aménager des terrains d’aviations. Nous en avions construit trois.

 

L’ennemi perçait rapidement, l’on nous ordonna de rallier au plus vite un port. L’on rencontra un interprète nous informant de la direction à prendre afin de rejoindre le port de Saint-Nazaire. Les avions allemands nous bombardèrent tout le long de la route. Nous avons mis 2 ou 3 jours pour atteindre Saint-Nazaire.

 

Au port, il y avait des milliers d’hommes de troupe, nous finissions par embarquer sur un petit bateau qui nous amena jusqu’au Lancastria. A bord nous étions serrés comme des sardines ; aucun endroit était libre. Il nous semblait que nous étions une proie facile car nous étions toujours au mouillage.

 

Les avions arrivèrent, mon dieu tout ces gars qui n’avaient aucune chance de s’en sortir, les bombes tombèrent sur le Lancastria dont une dans la salle des machines. L’obscurité était partout. Une autre bombe explosa au pont n°2, je m’y trouvais, je fus brûlé aux mains ainsi qu’aux bras et au corps.

 

C’était la panique, ‘chacun pour soit’ cria le capitaine. On larguait les canots, dans cette terreur, un homme se coinça trois doigts dans une poulie. Les hommes sautaient à l’eau, assommant ceux qui se trouvaient sur leur chemin ; c’était l’enfer. Les avions continuaient à mitrailler, tuant des milliers de soldats.

 

Une extrémité du navire était déjà immergée. Je montais sur le pont supérieur, je vis le capitaine qui observait tout ça. Il nous dit qu’il était temps de quitter le navire. Je vis des femmes jeter leurs enfants et plonger ensuite, mais je ne les ai plus revues. Quel spectacle.

 

Le navire sombra, les avions revinrent, ils mitraillaient les rescapés qui se débattaient. Ils en tuèrent une centaine, c’était terrible à voir, jamais je n’oublierais ces images. Je ne sais pas combien de temps je suis resté dans l’eau.

 

Je fus secouru par un petit bateau français, un marin me récupéra et me déposa sur le pont. Ensuite, j’embarquais sur un navire anglais où nous sommes arrivés à Plymouth. Je suis resté 4 mois à l’hôpital Park Prueet.

 

Plus tard j’appris que j’étais le 34ème rescapé de ma compagnie qui en comptait 400.