A.F. POTTS

Ma compagnie était placée avec la 156ème compagnie chargée du transport et du matériel militaire. J'appris plus tard que beaucoup d'hommes de ce groupe ont disparu.

Après une nuit agitée dans la zone portuaire de Saint-Nazaire, nous avons été emmenés par un navire annexe vers le navire Lancastria, nous y avons embarqué vers 10h30. Dès que j'embarquais à bord, je pris un gilet de sauvetage. Tous les hommes embarquaient très rapidement.

Tout d'un coup, les sonneries d'alarmes résonnèrent à travers tout le navire. L'on m'apprenait que c'était une alerte de raid aérien. Un membre de l'équipage me recommandait de porter mon gilet de sauvetage. Tout à coup un fracas se fit entendre, le navire était touché, il vibra de toute sa coque. J'entendais d'effroyables cris et sans aucun doute, il y avait déjà des morts. Les canots de sauvetage commençaient à descendre le long du bord. Toutefois le Lancastria commençait à sombrer par l'avant, puis se mit à gîter. Je me retrouvais à la mer, j'entendais de sinistres "flops" dans l'eau, c'était des impacts de mitrailleuses. Je priais de nombreuses fois, je pensais à ceux que j'aimais, à mes camarades ainsi qu'aux deux petites filles que j'avais vu à bord du Lancastria. Je priais pour tous. J'étais fatigué, épuisé, le temps passait. Plus tard, j'ai été ramassé par un petit bateau français. A bord, je voyais une petite horloge, elle marquait 21h00. L'on nous ramenait jusqu'au port de Saint-Nazaire. Une fois débarqué, je me retrouvais dans une maison où j'ai été déshabillé et lavé. J'étais couvert de mazout. Plus tard dans la nuit, un camion me ramenait au port. J'embarquais sur le Glenaffaric qui arriva à Plymouth le mercredi.