Je suis âgé de 62 ans, entré dans la Marine Nationale en 1962, ayant effectué une formation de nageur de combat, j’ai exercé les fonctions de plongeur professionnel militaire jusque dans les années 70 dans les forces spéciales (commandos de marine), et ensuite jusqu’en 1984 au sein de la Gendarmerie Nationale

Je totalise près de 2000 plongées en tous mileiux, effectués avec tous les types d’appareils en service à cette époque.

 Ma première plongée effectuée sur l’épave du Lancastria remonte à l’été 1971

Nous avions été sollicité par un aptron pêcheur ayant accroché l’épave avec son chalut, ne pouvant le dégager, il l’avait balisé avec une bouée et avait demandé l’intervention des plongeurs.

En compagnie d’un équipier nous avons plongé à l’étale de pleine mer afin que les meilleures conditions soient réunies (visibilité et courant). Nous sommes descendus directement sur l’épave en suivant le cordage qui nous a mené au chalut. Ce dernier étant pris du côté bâbord environ au vers le milieu du navire. Après une vingtaine de minutes, nous avons réussi à décrocher l’engin de pêche qui a été récupéré par le pêcheur. An cours de cette plongée,je n’ai pas vu grand-chose de l’épave si ce n’est une grosse masse noire avec des morceaux  de tôles déchiquetés représentant autant de dangers pour notre sécurité. J’y ai également entendu des bruits sourds assez impressionnants, probablement des morceaux de tôles s’entrechoquant poussés par les courants.

A plusieurs reprises nous sommes retournés sur l’épave soit pour d’autres interventions au profit de pêcheurs ou pour des plongées d’entraînement. Environ une quinzaine de plongées ont été effectuées. L’épave a pu être visitée de la proue à à la poupe, aucune visite interne n’a été faite, une exploration de cet ordre représentant trop de danger sans équipements spéciaux, vu l’état de délabrement de la coque. Au meilleur de nos plongées effectuées, la visibilité n’a jamais excédé 4 à 5 mètres avec beaucoup de particules en suspension. A cette époque , par temps calme à la surface de l’eau une irisation était encore visible indiquant que des gouttes de mazout remontaient toujours de la coque.

L’épave est posée sur le fond à 24 mètres de profondeur, le plus haut de ce qui reste du pont se trouve à 12 mètres de la surface. La bateau gît penché sur bâbord, excepté le tiers avant qui est légèrement penché sur tribord , la coque fragilisée s’étant probablement vrillée. La passerelle et les hauts du navire ont disparus, seuls sont encore visibles des débuts de coursives encombrés de ferraille. Sur la partie avant un panneau de cale est grand ouvert sur le noir des entrailles du bateau. Divers objets hétéroclites jonchent les divers ponts, recouverts par une gangue de vase et de concressions.

Sur la partie arrière tribord et bâbord sont encore visible une rangée de hublots de gros diamètre, certains ayant été enlevés, ne restant visible que les chaînes d’ancres accrochées aux guindeaux, tous ses apparaux étaient toujours en place.

Concernant la faune, ce navire constitue un lieu idéal pour toutes sortes de poissons et de crustacés. Au cours des diverses plongées j’y ai vu des congres énormes nullement impressionnés par notre présence, beaucoup de lieus, des bars, des daurades et des nuées de tacauds. Un homard de forte taille occupait l’entrée d’un puit à chaînes à l’avant du bateau. Il est à noter qu’un grand nombre de lignes de pêche perdues sont également visible.

A l’époque de mes plongées sur cette épave soit de 1971 à 1974, la plongée de loisir n’était pas encore très développée et seulement quelques plongeurs, la plupart professionnels étaient descendus sur le Lancastria. Au fil des ans la plongée dite de loisir s’est développée et avant que l’épave ne soit classée, divers clubs de plongée de même que de bon nombre de plongeurs particuliers s’y sont rendus fréquemment.

Donc voilà relatées toutes les choses que je puisse vous dévoiler sur mon épisode  Lancastria

 

Rencontre avec deux passionnés de plongée le 2 octobre 2006.

 

Il y a environ une quinzaine d’année, M. Foullonneau ainsi que M André Meignen, grands passionnés de plongée, ont visité le Lancastria. Tous les deux confirment, qu’une expédition sur cette épave doit être préparée, encadrée et surtout réalisée par des professionnels.

 L’épave coulée par 20 mètres de fond, est connue comme étant très difficile et périlleuse, en raison d’une très faible visibilité. En effet le courant de la Loire  peut atteindre sur cette zone, une vitesse entre 1.5 et 2 nœuds. Provoquant des déplacements de sédiment et de plancton dans la zone du Lancastria. La visibilité peut avoisiner, maximum entre 7 et 8 mètres, elle est plus souvent entre 2 et 3 mètres voir nulle. Lors de leurs plongées, ils constataient que  le Lancastria est encore en un seul morceau , il est couché sur son bâbord. Tout le côté tribord, muni d’une rangée de hublots, est encore debout. Il est à signaler une cassure au centre du navire.

 Il est toujours fortement déconseillé de pénétrer dans le navire, au risque de ne plus pouvoir en sortir, ceci en raison des morceaux de ferraille débordant de l’épave. Car après la guerre, le Lancastria représentant un danger pour la navigation,  a été pétardé à plusieurs endroits.

 

Nos deux plongeurs concluent que le bateau est très volumineux, représentant une grande masse relativement en bon état. La partie avant du Lancastria, tournée vers Saint-Nazaire, est toujours intacte, dont le guindeau et  son brise lames. Ils ont toutefois remarqué un trou énorme entre l’avant et le milieu du navire. La visite de l’épave ne peut pas se faire en une seule fois, en raison de son importance et de sa dangerosité.