M Walter Hirst

Walter Hirst est né le 25 février 1914 en Ecosse à Dundee. Dans la vie Walter exerçait le métier de charpentier. Walter avait un autre frère et une sœur, cette dernière est décédée à l’âge de cinq ans. Lorsque la guerre éclate Walter s’enrôle dans la 663ème  Artisan Works Company, Royal Enginers,  en décembre 1939. Ensuite, le 9 janvier 1940, il est  envoyé dans le sud-est de l’Angleterre pour effectuer une formation militaire de base. Cette formation dure environ deux semaines et c’est loin d’être une partie de plaisir. Les armes dont les fusils ainsi que d’autres armements sont difficiles à obtenir avec pour exemple l’entraînement qui se réalisait avec des armes de 1914,  probablement des armes que leur père avaient utilisés pendant la 1ère guerre mondiale.

 

La majorité de la 663ème composée de 250 hommes, est finalement envoyée en France le 26 janvier 1940, dont plus de 90 soldats ne reviendront pas. Certains d’entre eux sont envoyés par train à bétail sur Saint-Nazaire, le voyage dura trois jours. Parmi ce groupe se trouve Walter Hirst et Cyril Cumbes. Le lendemain matin, au levé du jour,  la compagnie se dirige vers Nantes pour une durée de 4 ½ mois. Une fois en place, la 663ème s’est mise aussitôt au travail pour la construction de camps et de bâtiments afin d’entretenir le terrain d’aviation de Bouguenais. Durant ces mois du printemps 1940,  ils travaillent à rythme effréné afin de réaliser toutes les constructions programmées à ce terrain d’aviation. A la deuxième quinzaine du mois de juin 1940, une rumeur se propage dans la compagnie annonçant que la grande armée est en retraite et que les Allemands débarquent en France, Belgique et Grande-Bretagne. Cependant le commandant Morgan de la compagnie appelle ses hommes pour un défilé le dimanche matin du 16 juin 1940,  il annonce à ses hommes que la France est sur le point de capituler et en conséquence la compagnie doit se tenir prête à partir immédiatement pour Saint-Nazaire via Savenay pour rejoindre le port et embarquer pour l’Angleterre. Walter, quelques jours avant devait entendre sur la BBC que la Force Expéditionnaire Britannique avait "complètement" et avec succès évacué la France, par Dunkerque deux semaines plutôt. (Alors qu'il restait plus de 150 000 anglais de la B.E.F à évacuer par les ports de l'Ouest de la France). A neuf heures, les hommes embarquent précipitamment dans les camions pour le port de Saint-Nazaire, le chauffeur de camion M. Brown signale que les routes sont assez tranquilles et qu’il n’y a pas de difficultés pour atteindre la ville côtière. Malheureusement lorsqu’ils atteignent l’entrée Saint-Nazaire, des sirènes retentissent pour annoncer des raids, Walter et ‘Chick’ (Charles Napier) et le reste de la compagnie passent le reste de la nuit dans un bâtiment sous un escalier. Toutefois, ils sont encore loin des lieus d’embarquements du port.

 

Très tôt, au matin du 17 juin 1940, par un début de matinée fraîche et ensoleillée, les hommes de la 663ème commencent à marcher en direction des quais du port de Saint-Nazaire. L’ordre est d'embarquer sur des navires qui les transporteront au large de Saint-Nazaire sur les transports de troupes. Ces soldats sont fatigués et épuisés par cette interminable marche. Éreintés, ils attendent un certain nombre d’heures le long du quai pour finalement embarquer sur le Titan (remorqueur français pouvant embarquer 400 hommes). Tous ces hommes seront transférés sur les grands troop ship  ancrés à quelques milles de Saint-Nazaire, 47°09’ N et 002°20’ W est la position du Lancastria ainsi que le repos final pour plusieurs hommes de la 663ème. Après environ une heure de mer à bord du remorqueur Titan, les passagers embarquent à bord des deux plus grands navires se trouvant sur zone: le Lancastria et l’Oronsay, ces deux transports de troupes  viennent juste d’arriver sur la zone, ils sont escortés par les deux destroyers le HMS Hightlander et le HMS Havelok. Ces deux destroyers feront les navettes entre Saint-Nazaire et les anciens transatlantiques, ils transporteront un maximum de soldats et réfugiés à leurs bords. Le remorqueur français Titan s’approche doucement le long du Lancastria, lorsqu'il est accosté, un officier de Lancastria, chargé des embarquements  informe M Morgan qu’il n’est pas disposé à embarquer d’autres hommes car il y a au moins 7200 personnes à bord, M Morgan répond que ce n’est pas avec 242 de plus que ça va faire une grande différence. Une fois à bord du Lancastria, M Brown trouve un certain confort sur le pont avant. Sur le pont se trouve également Walter, il  rencontre le soldat ‘Chick’ qui  lui remis un gilet de sauvetage, Walter pense celui-ci  ferait un super oreiller pour le voyage, M Napier (Chick) n’a jamais revu Walter et n’a su qu’il a survécu au naufrage que 63 ans après soit en 2OO3.

 

Une fois à bord M Morgan reçoit l’ordre de trouver 60 hommes et un officier pour protéger les canots de sauvetage et le pont du Lancastria. Mister Morgan ordonne à un officier de faire feu seulement « en cas de nécessité ». Mister Morgan converse avec l’officier du Lancastria et l'informe que ses hommes sont restés 72 heures sans dormir et lui demande si quelque uns peuvent se reposer pour une durée de 4 heures ainsi ils commenceraient leur garde à 19h00, et ceux de garde se reposeraient ensuite. Cependant M Morgan, à 15h20 inspecte le pont et n’aperçoit aucun garde de sa compagnie, la section 2 de la 663ème s’est reposée sur le pont. Si bien que le sergent major Meollow demanda à M Morgan de l’accompagner dans sa cabine (n°69) pour lui signifier qu’il est important de placer une garde sur le pont du bateau.  A ce moment là un avertissement aérien retentit, une minute plus tard un verre se casse et le Lancastria commence à frissonner, les lumières se sont temporairement éteintes, en sortant il fut témoin de la panique et entend des femmes crier. Walter raconte : par un hublot j'étais  témoin de l’attaque de l’Oronsay donc je décide par précaution car cela pouvait nous tomber dessus, à regagner le pont, puis je commence à monter les escaliers contre les ordres car je devais garder son poste.

 

Percy Brown est au milieu du navire quand le bombardement  commence, il se met à courir et réalise qu’il doit fuir, il plonge dans une soute par une trappe de la cale n°2, pendant qu’il observe ce qu’il lui semble fou il  voit une bombe tomber dans l’eau sur le côté bâbord du Lancastria, une autre bombe tombe en heurtant le panneau de cale n°2. Percy n’a pas entendu l’explosion, assommé il s’assoit là en se secouant la tête essayant de comprendre ce qu’il se passe, le panneau de cale  juste à côté de lui a été soufflé complètement au loin, ce panneau est de la taille d’un salon, 20 pieds plus loin il aperçoit un cadavre complètement déchiqueté, un contingent de la RAF d’environ 800 personnes se trouve à l’intérieur dans cette cale, les flammes ainsi qu’une fumée commence à sortir par ce panneau. Une autre bombe tombe droite dans la cheminée (démenti par la suite), sur le pont un officier appelle la salle des machines « … chambre des machines !!! engine-room !!!! »  Aucune   réponse n’est revenue. Après les explosions Walter essaye d’approcher un canot de sauvetage mais le pont est rempli de gens affolés. Walter : j’observe l’affalage d’un canot et je distingue une drisse qui reste coincée dans le clavier du support, un marin paniqué pris son couteau et coupe l’extrémité des cordages qui provoque l’accident, tous les occupants tombent à la mer. Pendant ce temps les avions allemands maintiennent leur attaque en mitraillant les hommes sur l’eau, ces hommes qui essayent de sauver leur vie, malgré que deux canonniers à bord du Lancastria continuent à tirer sur l’avion ennemi.

 

Le Lancastria commence à descendre lentement, il se met à rouler sur bâbord, le chaos s’en suit, Percy Brown décide qu’il est temps de plonger, il saisit un cordage sur le côté du navire et glisse doucement, ensuite il commence à nager en direction des destroyers Hightlander et Havelock qu’il peut apercevoir au loin. Il nage à côté d’un autre soldat de la 663ème , c’est  Jimmy Hurd qui nage  tout droit sans trop savoir  quelle direction prendre,  Percy lui demande  « quelle direction prenez-vous ? » « Je nage, je nage….. » répondit Jimmy. Le soldat Hirst décide également de plonger malgré qu’il ne soit  pas très bon nageur, quelques hommes avec des gilets de sauvetage ont déjà sauté dans la mer. Walter : j’aperçois des soldats sauter avec des gilets dont la taille ne leur correspond pas, les pauvres malheureux se rompirent le cou lors du plongeon, le gilet au contact de l’eau se relève  leur rompant le cou. 

 

La mer devient chargée de pétrole sortant des cuves éclatées du Lancastria, Walter qui nage sur l’eau est couvert d’huile, de plus il sait qu’il doit s’écarter du Lancastria, c’est sa survie qui est en jeu. Pour cela il donne un coup de pieds sur le flanc du navire pour pouvoir s’écarter, tout à coup au même moment le transatlantique se mis à rouler sur le côté. Walter inlassablement sur l’eau est  accompagné d’un labrador noir, sûrement le chien d’un réfugié. Maintenant le Lancastria est retourné, des centaines d’hommes se tiennent sur la coque, la plupart n’ont pas de gilet de sauvetage et les quelques bateaux de sauvetage qui ont été largués avec succès se sont éloignés. Durant ce temps Walter  continue à donner des coups de pieds tout en pensant qu’il peut être aspiré par le transatlantique lorsqu’il va couler. Soudainement, venant du Lancastria, des hommes commencent à chanter « roll out the barrel », cette chanson était un grand succès à cette époque en Angleterre. Walter : ce que je vois est un spectacle véritablement macabre, les allemands s’acharnent à continuer à plonger sur leur proie en laissant tomber des bombes incendiaires, leur but serait de mettre le feu au pétrole partout sur la mer, heureusement ils n’ont pas réussi.

 

Walter nage toujours à proximité du Lancastria, de temps à autre il se retourne et ce qu’il voit est terrible, il raconte : un officier se tenant à la coque retournée pris calmement son revolver de son étui, il se tourna vers son compagnon et lui tira une balle en plein front, puis il se retourne l’arme vers lui et se tire une balle en pleine tête.  Dans l’eau commence une lutte acharnée et violente pour ceux qui ont un gilet de sauvetage et ceux qui n’en possèdent pas, l’horreur de ce qui arrive en dehors n’est rien comparée au destin de ceux qui sont emprisonnés à l’intérieur de la coque. Certains hommes qui se tiennent sur le flanc de la coque peuvent apercevoir par les hublots les hommes emprisonnés, plus rien ne peut être fait pour eux.  Walter : à un moment dans l’eau je suis obligé de combattre un homme devenu fou, celui-ci essaye de m’enlever mon gilet de sauvetage, je n’ai jamais su ce qu’est devenu cet homme.  Je bataillais dur avec mon gilet  afin de rester sur l’eau.  Je suis resté environ deux heures flottant sur cette nappe de mazout gluant, j’en étais imprégné. Ensuite je fus récupéré par un bateau de pêche français et nous nous sommes dirigés en direction de Saint-Nazaire. A mi chemin le capitaine fait demi tour et mit le cap sur l’Oronsay pour nous mettre à son bord. Nous avons embarqués à 19h00. l’Oronsay endommagé par l’attaque aérienne de la Luftwaffe de l’après-midi est également surchargé provoquant une sérieuse  gîte. Cependant nous sommes finalement arrivés à Plymouth, le jour suivant. Lors de l’accostage, un orchestre de la marine jouait «roll out the barrel » !!!!! Après avoir débarqué de l’Oronsay nous sommes cantonnés dans les casernes de Stonehouse qui étaient principalement des quartiers pour les marins. Malgré que nous étions toujours imprégné de mazout, l’on nous proposé des lits avec des draps blancs. De là, nous avons été amené à l’hôpital de Netley, à Southampton pour y être soigné, et par la suite le reste l’unité a été finalement signalé à Leeds, Yorshire, au quartier général. On nous a interdit sous les « Kings  Regulations » de mentionner quel que soit sur le HMT Lancastria.

C’est seulement quelques jours après que Walter est retournée à Dundee, sa ville natale retrouver sa femme Annie Miller. Longtemps Walter Hirst a souffert suite aux dommages de la guerre à son dos et jambes. Pour Walter, le fait d’aller en France était de finir le travail qui était de combattre les allemands lors de la première guerre mondiale. Lui et ses amis sont revenus meurtri par l’expérience de la guerre, mais pour eux ils ont combattu les allemands.

  

Quelques années plus tard Walter rencontra son ami qui lui avait remit son gilet de sauvetage, il le remercia car Walter ne savait pas très bien nager et n’oublie pas que sans lui la chaîne familiale serait rompue, donc Mark Hirst le petit-fils de Walter ne serait pas parmi nous en ce moment..

 

Walter qui a survécu au naufrage relatait souvent l’histoire à ses parents ainsi qu’à ses amis. Charles Napier a également survécu de même que M Morgan  et  Percy Brown, plus de 90 hommes de la 663 n’ont pas survécus à la descente du Lancastria. A l’aube du 18 juin un convoi de 10 bateaux avec l’escorte Royale font route pour l’Angleterre, à bord se trouvent 23000 hommes.

 


Walter Hirst grand père

de Mark Hirst